• Quand le féminisme perd les pédales...

    Appeler à vivre libre, apprendre à se faire respecter, apprendre à dire non, avoir le courage de dénoncer les agresseurs, aider celles qui ne peuvent le faire seules. Tel est le chemin.

    Bertrand Cantat renonce à ses concerts de l'été

    Sous la pression il cède

    Je l'avais rencontré lors des débuts de son groupe "noir désir". Je l'aimais bien.

    Quand il a tué Marie Trintignant j'étais terrorisée, abasourdie, incrédule.

    Ce soir (13 mars) sur la 5 il y avait une militante d'oser le féminisme et une journaliste qui a enquêté sur lui et les "excès des rockeurs" (citant des rockeurs et rockeuses auteurs d'assassinats, comme si c'était une des caractéristiques de leurs excès!).

    Quel malaise que de les écouter, envie de fuir, de se boucher les oreilles : "notre but c'est que personne n'aille le voir en concert..." "notre but c'est qu'il ne chante pas dans des concerts subventionnés donc qui sont payés par nos impôts"  "que nos impôts ne financent pas des criminels..."

    Il serait depuis, l'auteur de nouvelles violences contre des femmes, mais pourquoi ces femmes ne portent pas plainte. A celles qui ont l'air au bien courant je dirai, allez les soutenir et les inciter, ça c'est le vrai boulot..

    Que de haine à peine voilée, sous couvert d'analyses de situations.

    Il a tué (sans intention de donner la mort), il a été jugé, il a fait sa peine. Quelle qu'elle soit nous n'avons pas à en juger. Que la famille, les victimes trouvent cela insuffisant, c'est bien normal nous dirions probablement la même chose. Nous ne sommes ni la famille ni les victimes. Nous pouvons être peinés pour eux et elles mais la justice est passée, il ne nous revient pas de mener la notre.

    Des gens manifestent devant ses concerts insultants les spectateurs qui font la queue pour y entrer. Désagréable sentiment de déjà vu : les partisans de "laisser les vivre" qui insultent les femmes devant les hôpitaux pratiquant les IVG.

    Même haine, seul l'objet change, encore qu'il y ait dans les deux cas des femmes comme sujet.

    Au nom de qui exiger qu'un homme, une femme ayant purgé sa peine, paie une seconde fois en ne faisant plus son métier.

    Au nom de la violence faite aux femmes? 

    Parce que cette violence nécessite d'autres traitement que les autres agressions et crimes? Dans notre société tout condamné a droit à une vie après la prison. Sauf donc les auteurs de violences faites aux femmes!

    Allons nous alors, au nom des femmes maltraitées depuis des siècles générer des haines, la haine des hommes.

    Allons nous en leur nom bafouer la justice et exercer une justice populaire vengeresse?

    Allons nous interdire à toute personne de se racheter ou de mener une vie normale après qu'elle ait purgé sa peine? Et qui sommes nous pour en juger? Allons nous créer une société où chacun, chacune, n'osera plus dire quoi que ce soit sous peine de se retrouver au banc des accusés (je prends le risque ici).

    Allons nous cautionner ceux et celles qui censurent l'art quand il montre des femmes nues ou leur sexe?

    Personne n'est obligé d'aller écouter Bertrand Cantat, chacun admirant l'artiste est libre d'y aller, chacun qui trouve cette situation choquante est libre surtout de ne pas y aller.

    Je n'irai pas non plus.

    Battons nous pour que les femmes puissent dénoncer la violence qui leur est faite.

    Battons nous pour que les femmes sachent et puissent dire non sans peur. 

    Battons nous pour que les auteurs soient punis.

    Ne perdons pas les pédales, ne cédons pas à l'engouement créé par les "moi aussi" ou "balance ton porc" libérateurs de paroles nécessaires mais non aboutis.

    Le travail pour le respect des femmes, de leur droit, de leur existence libre, est long et n'existera que dans le respect des uns et des autres, même de Bertrand Cantat.


     

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  • Commentaires

    1
    Gérard
    Mercredi 14 Mars 2018 à 11:54
    J'aurais aimé savoir écrire ce texte
      • Jeudi 15 Mars 2018 à 06:54

         

        Merci pour ce beau compliment. Devant le déversement des médias autour de cette histoire je ne pouvais faire autrement que d'écrire ce texte. Il est des sujets, des choses qui s'imposent à moi.

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