L'affaire Gabriel Matzneff a réveillé les réacs de tous poils

Ils dénoncent bruyamment 

La liberté de mai 68

La libération sexuelle

Mai 68 réduite à la liberté sexuelle, mère de tous les vices et uniquement ça

Faute probablement (entre autres) aux milieux intellectuels protecteurs de l'innommable au nom de la liberté artistique

Voir à ce sujet les prises de positions dans une pétition de soutien à 3 pédophiles emprisonnés signée par 69 personnes en 1977 dont : Aragon, Ponge, Batailles, Deleuze, Glucksman, Kouchner, Lang, Matzneff, Millet, Scherer, Sollers... en préventive depuis 3 ans (temps nécessaire à l'aboutissement de l'enquête) les pétitionnaires dénoncent "3 ans pour des baisers et des caresses c'est trop."

En 79 Guy Hocqenghem préconisait d'empêcher que les femmes  aient un droit exclusif sur leurs enfants.

Nombre d'entre eux aujourd'hui reviennent sur ces positions, il était peut être difficile de résister à l'ambiance générale au risque de paraitre pour un fieffé réactionnaire.

Et oui le courage leur a manqué, le courage ou la lucidité ou les deux.

Tout le monde y allait de son couplet ou de son interprétation sur le libre arbitre des enfants et les paroles (en effet véritablement choquantes) de Dolto sur le désir des petites filles en particulier et leur rôle dans l'inceste en ont marqué beaucoup.

Indulgence d'une période en rupture avec le puritanisme et l'enfermement bourgeois du 19ème siècle

Indulgence et promotion de la liberté absolue y compris pour les enfants

Enfants brutalement reconnus comme des êtres responsables, doués d'une pensée, munis de désirs

Immense changement

Pour nous dont l'enfance fut mutisme et renoncements

Mettant les enfants sur le même palier que les adultes, tout devint permis

Surtout pour les adultes dominants les enfants

Personne ne souligne le fait que les grands bénéficiaires de ces excès libertaires sont toujours et uniquement des hommes.

Ce sont eux qui abusent garçonnets et fillettes. 

Ce sont eux qui assouvissent leurs penchants malsains avec la bénédiction de la société

En mais 68 âgée d'à peine 20 ans je me débattais avec cette libération

Je luttais contre les hommes qui revendiquaient de "coucher" au nom de la libération

Nous étions nombreuses jeunes filles ou femmes à revendiquer cette liberté soudaine

Mini jupes et teeshirts à même la peau

Nous revendiquions notre corps libéré

Putes pour les réacs, frustrées, pas libérées, frigides et j'en passe pour les hommes à qui nous nous refusions

Alors que nous revendiquions le droit de coucher avec qui bon nous semble nos camarades masculins voyaient cette libération comme un permis de coucher avec toutes voir une obligation (je parle ici de mouvements d'extrême gauche dont je faisais partie)

La situation était explosive et a laissé des traces chez de nombreuses femmes de cette génération

Passer de l'inexistence du sexe à sa libération totale

Exercice périlleux, malgré l'émergence du féminisme de fait toujours sous la coupe des hommes, les fameux "révolutionnaires" aux premières loges de cette possibilité soudaine de satisfaire leurs pulsions

Ce fut compliqué et douloureux pour de nombreuses femmes

Pourtant nous avons gagné notre liberté (attention retour de flamme en ce moment)

La contraception et l'avortement à l'issue de ces luttes amorcées en 68

La société entière a gagné des augmentations de salaires significatives avec les accords de Grenelle

Il y a bien un avant et un après 68 et il faut être vraiment très con ou malhonnête ou les deux, pour réduire ces évènements historiques à la libération sexuelle et l'absence de barrières morales

Pour en revenir aux pédophiles, il n'y aucune excuse, aucune justification possible à ces comportement. A cette époque comme aujourd'hui. Qu'ils soient écrivains, cinéaste, prêtres ou Monsieur tout le monde ils doivent êtres sanctionnés pour leurs actions et on peut se poser la question : pourquoi un éditeur comme "Gallimard" a publié sans hésiter pendant des décennies les journaux intimes de Matzneff  qui y décrit allègrement une vie de pédophile au jour le jour. Ne tombait-il pas non plus sous le coup de la loi? Oui il faut se poser des questions sur cet état de fait

Me too (malgré ses excès), les victimes du père Preynat, Vanessa Springer, Adèle Haenel et bien d'autres femmes et hommes ont osé la parole

Enfin aujourd'hui le silence et l'hypocrisie collective ne valent plus