Et oui, elle est partie

Comment ne pas prendre le stylo

Se rappeler le contexte de ces années 70

Où nous descendions dans la rue tous les jours

On pliait les banderoles et le lendemain on les re dépliait (Michel Perrot)

Le bouillonnement de ces années où les femmes déçues de Mai 68 vont entrer dans les luttes

Création du MLF en 1970, mouvement non mixte revendiquant la libération des corps, de l'avortement de la contraception et s'inscrivant dans des formes de militantismes en rupture avec les partis traditionnels. J'en fus

Manifeste des 343 "salopes" mot choisi pour parodier les réactions offusquées de la droite catholique qui insultait copieusement toute femmes s'étant fait avorter ou le revendiquant. Ce terme de salope a disparu des discours aujourd'hui on est revenu au Manifeste des 343. 343  femmes connues et moins connues qui avouaient avoir avorté, en soutien au procès mené par Gisèle Halimi en défense d'une jeune femme inculpée après s'être fait avorter suite à un viol.

Création par Gisèle Halimi du mouvement Choisir en 1971 pour la dépénalisation de l'avortement soutenue par Simone de Beauvoir, Jean Rostand, Christiane Rochefort, Jacques Monod

Création du MLAC  Mouvement pour la libération de l'avortement et de la contraception crée en 73 pour promouvoir l'avortement par la méthode Karman dite méthode par aspiration. Des médecins et non médecins se lancent dans la bagarre et pratiquent des avortements clandestinement à domicile.  Il se terminera en 1975 lors de l'adoption de la loi Veil. J'en fus...

Quelques années qui virent l'émergence des luttes des femmes

1970 fut le mai 1968 des femmes

Leur force était dans leur approche de l'amour, la paix, dénonciation de l'injustice, les batailles pour libération du corps

Que de manifestations, meetings, réunions publiques diverses

Avec mon amie Line nous en étions toujours et partout

Je me suis éduquée et forgée dans ces mouvements, petite provinciale éprise de liberté.

Gisèle Halimi aurait voulu avoir une fille, elle eut trois fils.

Moi je ne voulais pas avoir une fille, je pensais que je ne saurais pas l'élever moi qui eu tant de mal à être fille puis femme...'

Aujourd'hui c'est comme une grande sœur que je perds et je pense à toutes celles qui furent de nos combats en ces années 70.

Car nous étions dans une sororité que je ne retrouverai jamais.

Merci à elle, que sa vie de combat soit aujourd'hui rappelée et serve d'exemple aux générations actuelles car le combat des femmes est loin d'être fini

Je ne peux terminer ce texte sans un témoignage

Infirmière en Gynécologie, année 70 j'ai 21 ans : 50% des femmes hospitalisées le sont pour avortement provoqué. Des souffrances invraisemblables, des morts, des stérilités à venir. J'écarquille les yeux terrorisée par toute cette souffrance . Et je découvre ce que font certaines de mes collègues avec horreur : elles montrent leur fœtus à celles qui expulsent pour que ça leur serve de leçon et n'appliquent pas toujours les prescriptions de calmants...

J'ai quitté ce service faute d'arriver à avoir raison de ces pratiques, et mon combat à l'extérieur a gagné en intensité.