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Aveugles...
Rien vu venir
Le message est ainsi
Coucou, tata adorée, nous avons décidé de nous séparer, l'avons annoncé aux enfants, c'était très dur... etc
Cinq jours avant : je voulais te dire, nous traversons une période difficile nous allons prendre un peu de recul chacun de notre coté, il va falloir en parler aux enfants
(Seul et unique warning brutalement allumé)
Deux mois avant : emménagement de cette si jolie famille dans une grande maison de ville avec jardin. Incapable de porter des cartons j'assurais l'intendance.
Émerveillés nous avions fait la pause autour d'un fameux pique-nique dan le jardin encore enfiévré de roses et d'herbes folles
Quelques mois avant, un soir : tu sais, oui, nous avons de la chance, nous sommes bien, nous avons trouvé cette maison, nous avons maintenant de bons revenus, les enfants vont bien, c'est tout bon.
Rien vu, rien senti venir dans tout ce beau
Comment peut-on aimer les gens à ce point et ne rien voir
Il y eut forcément des souffrances, des difficultés?
Rien non rien ne transparaissait, ou je ne voyais pas?
Ils m'ont toujours protégée, j'ai beaucoup gardé ces enfants là, nous (mon neveu et moi) avons eu d'infinies parlotes autour de café matinaux
Rien ne fut dit
Rien ne fut évoqué de ce couple, beau, intelligent, aimant avec ses enfants,
Rien ne fut dit
Non
Et moi, j'aimais ce beau et ce calme, je ne voyais pas l'impasse, le goulet d'étranglement que la vie réserve à ces couples hyper actifs, volontaires, engagés, aux objectifs parfois démesurés!
Je ne voyais pas ou ne voulais pas voir
Refoulant les questions pourtant latentes (faciles à nommer après coup)
Comme si les clignotants du malheur étaient en panne
Pour continuer à voir le bonheur, seulement le bonheur
En ces périodes ou peu de couples résistent
Il fallait croire à l'exception
Il fallait se dire que eux, non ils tenaient vraiment le coup malgré des boulots prenant et trois enfants élevés sans télévision, donc dont on s'occupe, avec qui l'on partage, avec qui l'on avance sans jamais faiblir
On se disait c'est possible
Et aveuglée par ce c'est possible je n'ai rien vu venir
Nous n'avons rien vu venir
Troublant
Si proches, et si loin
Devant des détresses révélées (il y en eut d'autres cette année), je me demande comment nous sommes passés à coté, décalés,
Ne voyons que ce que nous voulons voir
Avançant comme les chevaux, visières bordant les yeux
Pour continuer de marcher
Un jour les visières s'arrachent
La situation révélée vous écrase d'une réalité longtemps refusée.
Trop d'amour, trop d'espoir, trop de peurs, trop de fragilités camouflées
Ainsi va la vie de ceux que nous aimons
Ainsi se déroule notre vie
Maintenant... les aider à traverser l'épreuve
Et ne plus se laisser engourdir sous le masque.
Y a du boulot
Tags : réalités, regard, aveuglement
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