Faut-il admirer pour vivre?

Peut-être

Mais qui j'admire?

Peu de gens en fait

Imaginer deux catégories

Les courageux et les créatifs

Les courageux

Ceux qui n'ont rien reçu, se battent pour vivre

Ceux qui ont reçu, se battent pour que les autres vivent

Mandela, Latifa Ibn Ziaten par exemple

Latifa (dont le fils militaire a été tué par Merah) sorte de mère courage, court les lycées et collèges pour témoigner contre la radicalisation malgré les insultes, les menaces de mort qui la visent elle et sa famille

Elle a fait de son deuil un combat contre la haine et la violence. C'est devenu sa raison de vivre

Si on m'avait enlevé mon fils je ne crois pas que j'aurai eu ce courage

Je sais même que je ne l'aurai pas eu

Parmi les anonymes il y a tous ceux et celles qui osent manifester dans les pays où ils risquent leur vie

Russie, Chine, Pays de l'est souvent, dictatures de tous poils

Les femmes qui enlèvent leur voile en Iran ou ailleurs

Les "Femen" qui affrontent la violence policière pour faire parler de leur cause

etc

Du coté des créatifs, il y a les grands metteurs.es en scène de cinéma, théâtre, ou opéra

Ceux et celles dont la capacité à "montrer" emmène le spectateur.trice dans des univers où le sens s'exprime par l'image, le son, le jeux, les costumes, les décors tous ensemble

Qu'il manque un aspect et le film, la pièce, l'opéra ne marche pas

Cette capacité à imaginer et dire à partir de différentes techniques

A faire spectacle d'un tout.

Et les écrivains.es alors

Et bien non, ou assez peu

Grande lectrice, coté admiration j'irai éventuellement vers ceux, celles  de l'imaginaire

Ils elles font preuve d'une capacité à dire par le rêve, le conte 

Le dernier Laurent Gaudé (Salina, les trois exils) en est un exemple, de là à dire que je l'admire??

C'est une forme d'intelligence (que je n'ai pas d'ailleurs) 

Après c'est le travail

Un.e écrivain.e aboutit est un grand, voir immense travailleur.se

Un livre peut me fasciner, je n'admire pas son auteur.trice pour autant

Et Proust alors

Encore lui, incontournable (au fait savez vous qu'en septembre on va publier des nouvelles inédites?)

Et bien non. Mon amour pour cette littérature ne flirte pas avec l'admiration.

Proust était un génie, probablement un des plus grands génies de la littérature

Mais il était écriture comme Mozart était musique

Sa vie était écriture (et souffrance aussi), il n'existerait pas sans elle, sans ceux et celles qui l'ont rendu possible autour de lui, dont sa mère et la fameuse Céleste

Il n'était pas particulièrement aimable (au sens d'avoir envie de l'aimer)

C'était un bosseur acharné

J'aime son œuvre, puissamment, totalement

Je crois finalement que ce que j'admire au delà de certaines capacités de création c'est le courage

Le vrai, anonyme, gratuit (?)

Aussi

L'obstination et la persévérance au delà du talent (grands chanteurs.se lyriques, danseurs.ses)

Le talent n'est rien sans le travail

A-t-on besoin d'admirer ?

Probablement, pour grandir

Enfant/parents

Moi qui n'ait pas admiré mes parents, bien au contraire

Ai-je du mal à admirer pour cette raison?

Pour exister il faut savoir se dégager de l'admiration qui stimule puis peut opprimer

Accepter sa condition de "non admirable"

Admirer ceux/celles en qui l'on croit, non pas ceux/celles que l'on vous dit admirables

Se faire son jardin secret des admirés

Car quand même ils vous aident à vivre