• 8 mars journée internationale des droits des femmes...

    D'où me vient mon féminisme et le rejet de toute intolérance...

    8 mars, journée internationale de la femme.

    Heureusement que nous avons une journée...

    Mais non, nous avons toutes les journées de l'année et du monde.

    Objectif : faire disparaitre cette journée, qu'il n'y ait plus de motifs pour sélectionner un genre, pour dénoncer les inégalités dont il est l'objet et faire des lois pour que l'autre genre cède de la place.

    Etre réduite à son genre, mal aimé ou trop aimé mais en fait sutout mal aimé m'est insupportable

    Bien sur j'ai fait partie des féministes dans les années 70, participé à des groupes de paroles, entendu la détresse des femmes, fait des avortements clandestins avec le MLAC, tenté en vain de faire avancer dans le MLF l'idée que les hommes n'étaient pas forcément des ennemis, moi qui les aimais les hommes.

    Faute d'y arriver j'ai quitté le mouvement. Trop de radicalité dans cette approche.

    Ces hommes, détestés quand ils m'ont agressé dans le métro où au boulot. J'ai toujours su leur répondre. C'est une force, la mienne et je la puise dans mon histoire de petite fille, fille et femme.

    J'ai 6 ou 7 ans : maman je voudrai servir la messe... mais tu n'y penses pas ce n'est pas possible... pourquoi?... parce que tu es une fille... Et je regarde avec envie mes frères revêtir une aube blanche pour servir le prêtre, lui verser de l'eau avec de jolies burettes en verre taillé puis lui tendre un petit tissu blanc bordé de dentelle. Je ne comprends pas, première injustice, début d'une révolte jamais vraiment calmée, aujourd'hui réfléchie et aménagée.

    Plus tard devant les choix d'avenir "non on ne pourra pas te payer des études car on a payé à tes frères"...

    Destin de fille, destin de femme. De quoi rendre combattive et vengeresse? mais non seulement combattive. La vengeance m'est inconnue, même si pendant un temps, celui de la libération sexuelle des années soixante dix, multiplier les relations occasionnelles était une forme de revanche que je maitrisais parfaitement.

    Plus tard il y a une dizaine d'année, je dirige un établissement pour handicapés, je gère une bonne soixantaine de salariés. En fin d'année chaque directeur et directrice de l'association (8 établissements dirigés par 4 hommes et 4 femmes, belle parité!) présente au Conseil d'administration son bilan. Je suis la dernière à passer. Après mon intervention le président se lève et dit "je vous remercie messieurs pour cet excellent travail", je me lève aussitôt et lui rétorque "vous avez raison monsieur parce que les dames n'ont rien fait..." silence gêné dans l'assistance suivi d'un "je crois que j'ai fait une gaffe!" du président.

    C'est le moins qu'on puisse dire et c'est effectivement le quotidien de nombreuses femmes, même cadre en responsabilité.

    Bien sur je me suis battue pour avoir une place juste, moi femme qui devait toujours prouver que j'étais la meilleure alors que les collègues hommes trouvaient toujours la leur même dans la médiocrité. J'ai longuement écrit sur cette place des femmes dans la famille (j'en ai même fait une thèse) et curieusement j'ai toujours terminé mes interventions autour de ce travail sur la place de l'homme, sa désorientation depuis la disparition des repères patriarcaux. Son incapacité ou tout le moins sa difficulté à trouver d'autres modes de fonctionnement.

    Parce que nous sommes tous et toutes impliqués dans ce rapport de domination et nous avons à nous débarrasser des vieux vêtements, pour endosser des habits de fêtes seyant à chacun et chacune.

    Ok ce n'est pas gagné, mais c'est quotidien.

    J'ai bataillé pour ne plus entendre de mes compagnons de vie  "est ce que je peux t'aider?" non tu ne peux pas m'aider mais tu peux faire.

    Elle est chiante celle là! mais non pas du tout. Exigeante, certainement. Ne jamais baisser la garde.

    Mariée plusieurs fois je n'ai jamais porté le nom de mon mari, j'ai même du mal à dire "mon mari"...

    L'inégalité progresse au lieu de reculer, ce que nous avons espéré nous les femmes de soixante huit. Nous avons gagné un temps, mais la bataille pour ne pas perdre reste quotidienne. Je suis heureuse d'avoir mis au monde un fils, de l'avoir élevé et qu'aujourd'hui il vive avec une compagne féministe, engagée dans ce monde injuste.

    Malgré ce vécu de femme souvent bafouée je déteste le mouvement "balance ton porc". Paroles de libération certes nécessaires, mais propos souvent haineux et vengeur qu'il faudrait reprendre pour en faire autre chose qu'un déversement nauséabond.

    Je regarde cette société dans laquelle chaque phrase est disséquée, chaque mot malheureux ou heureux isolé, détourné, étalé sans barrières qui va nous emmurer que nous soyons hommes ou femmes car nous n'oserons rien dire de peur que...

    Gageons que cette période tourmentée, violente comme tous les mouvements de libération engendre une société plus juste et moins genrée plus tolérante. Ne nous faisons pas d'illusions, nous n'y arriverons que si nous nous parlons, si nous dépassons les haines et le temps sera notre allié.

    8 mars, ma mère aurait 104 ans.

    Je lui dois l'injustice qui me fut faite en tant que fille, injustice dont elle même a souffert et ne s'est pas libérée, mais surtout son sens de la vie, sa force, sa droiture, son exigence et malgré tout un indéfectible sens de la justice.

     


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