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Parler, parler...
Reparler, encore et encore
Jusqu'à plus soif
Parler de lui, lui et vous, lui et moi, lui et les autres
Lui et le chien, lui seul
C'est ça le travail de deuil?
Quels vilains mots
Travail?
On imagine à l’œuvre d'énormes machines fumantes et trépidantes
Alors que tout est clame
Que le parler domine
Que la peine se mue parfois en rires sonores
Que le dire joint aux images brutalement sorties des boites
Tout à coup ressuscite les souvenirs enfouis
Et ça, ah oui je me souviens
Non pas vrais c'est lui ça?
Et là c'est toi?
Et de s'étonner de tant et tant de choses vécues
De l'épaisseur du temps à peine vu passer
De la paix que renvoie le papier jauni des photos
De l'image de familles unies dans de grandes maisons
Tromperie des images
Illusions heureuses
Tant d'histoires avortées, de messages incompris, d'affections ratées
C'est aussi cela regarder ce passé
Tenter de trouver en lui les germes de l'aujourd'hui
Et ne pas les trouver
Tant la force des images montre une histoire lisse, sans problèmes, heureuse
Alors reparler pour comprendre, disséquer
Aimer même les errances,
Même ceux qui trahissent
Malgré tout, et pour tout
Jours de deuils : jours de fraternité autant que de haine
Jours de paix et de douleurs autant qu'instants de joie
Construire, déconstruire, reconstruire nos vies
C'est cela le deuil
Et c'est bien d'être ensemble pour mieux le saisir.
Tags : deuil, fraternité, parler
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