Me fut offerte par Le Bach du dimanche

1982, je suis enceinte de M.

Je chante pour la première fois en concert

Avec le chœur du conservatoire de Juvisy sur Orge

Cantate BWV 4 "Christ lag intodesbanden"

Cantate écrite pour Pâques par un JSB à peine âgé de 24 ans

Contient à mon humble avis le plus beau duo écrit par ce JSB.

Je l'écoute, je ferme les yeux, j'y suis

A propos de Pâques il y eut ça : la révélation.

1967

Paris, mon frère Do et moi nous rendons à pied à la veillée pascale de l'église ST Séverin.

Une trotte, remonter toute la rue St Dominique, puis partie du boulevard St germain

Arriver dans cette magnifique église avec son énorme pilier torsadé

Éclairée uniquement aux bougies pour la fête

Mystère de la pierre, de l'architecture, de la lumière

Tiédeur du feu qui réchauffe et illumine

Cérémonie recueillie

Partage de l'agneau pascale dans le cloitre à la sortie.

Encore un grand feu

Je serre dans ma main le petit bout de viande grillée partagé

Retour dans la nuit calme. A pied, c'est long, très long

Heureuse, perplexe, heureuse

Révélation

Je viens de comprendre que je ne crois pas en Dieu et que ma foi est entièrement, uniquement esthétique.

C'est clair et libératoire

Me reviennent en mémoire d'autres cérémonies aux musiques et lumières consolatrices de tous les maux

Oui ma consolation devant le monde est dans la beauté et nulle part ailleurs

C'est cela qui me fut révélé ce soir là.

Avant il y eut d'autres Pâques, en famille. Partir endimanchés après inspection de la tenue par une mère chapeautée, tirée à quatre épingles. Un coup de mains sur un cheveu hirsute par ci, un coin de bouche nettoyé par un mouchoir imbibé de salive par là (fixée en moi l'odeur écœurante de ce mouchoir passé sur un coin de visage jugé pas propre!) Il y eut la course aux œufs dans le grand jardin, le gigot de mouton que mon père découpait avec moult démonstrations (comme ci et pas comme ça surtout).

Fête de famille donc comme toutes les fêtes religieuses qui illustraient nos vies.

Ce Pâques à St Séverin vint clôturer des années de croyance, de perplexité, d'interrogation.

Une réponse enfin. Trouvée toute seule me laissant face au vide existentiel longtemps tenu à distance par la religion.

Il n'y aurait plus de Pâques pour moi

C'était dit

Et l'année suivante ce serait mai 68

Mais je ne le savais pas