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Compagnie
Vivre en compagnie de Proust
Telle est ma condition ces temps ci
Je vous vois chagrins.nes,
Que c'est ennuyeux
Mais non pas du tout
Quelques pages chaque jour
Plongée dans cet univers que fut le décor de sa vie
Ce monde grouillant de paraître qu'il se plait à décrire
Ce roman de sa vie qu'il déroule, immense fresque
Décorum et personnages pleins de fatuité
Amitiés et amours ébauchés
Descriptions fabuleuses
Je pourrai relire à satiété la description de la chambre de sa grand mère au grand hôtel à Balbec
Pures merveilles ces deux pages
Alors oui, il est à nouveau entré dans ma vie
Je le rejoins par moments, avec délectation pour quelques instants ou de longues heures
C'est selon
Je ne croyais pas vivre un jour cette expérience littéraire
Je ne pensais pas qu'une œuvre pouvait à ce point m'habiter
Le lire, le laisser, le retrouver, le déguster
Il reste présent, inscrit dans le long terme (6 ou 7 tomes de la Pléiade)
C'est dans cette édition que je le lis
Sorte de religion
Etrange ressemblance de ces livres aux missels de mon enfance que je serrais fièrement dans mes mains
Comme s'ils recelaient l'essence de ma vie
Ma mère a jeté, donné ou fait disparaitre nos missels, et chapelets
Comme si ils ne nous appartenaient pas
Elle a également donné ma médaille de baptême
Toutes ces choses si précieuses à mes yeux de petite fille qu'elle gardait prés d'elle
Nous les donnait le dimanche ou les jours de fêtes
Puis les reprenaient et les rangeait
Probablement dans le beau secrétaire qui trône aujourd'hui dans ma chambre
Preuve de leur importance, leur préciosité
Je me suis détournée de la religion, elle s'est arrogée le droit de disposer de ces affaires qui m'appartenaient mais dont elle devait penser que je n'avais plus besoin
Au juste dans cette famille certaines choses n'étaient pas jugées comme effets personnels
Cela m'est revenu quand mon compagnon m'a fait remarquer que je lisais dans un livre bien proche d'un missel
Pas de hasard non plus à mon amour Proustien dont un des mes frères me disait
Quand je lis Proust, je me sens à la maison
Quelque chose de vrai dans cette sensation
Inexplicable tant est loin de nous cette vie qui défile dans ces lignes
Si loin, si proche
Alors donc il fait partie de mes journées et je le retrouve avec une joie non dissimulée
Je crois que j'aime l'infinie lenteur dans laquelle il me plonge
L'absence d'intrigue qui pourrait me tenir en haleine
Juste cette écriture qui défie le temps
J'aime l'aimer, je plains ceux celles qui ne connaissent pas ce bonheur
Mais au juste ils, elles ne le connaissent pas
Ne sont donc pas dans le manque.
Alors laissez moi savourer et savoir que ça durera
Tags : Proust, plaisir, lenteur
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